Un cri du cœur pour un Congo meilleur : la puissance engagée de Jean-Pierre KP

Avec “Tant de questions”, Jean-Pierre KP, jeune poète et slameur de la République Démocratique du Congo, livre un texte d’une lucidité désarmante. À travers des mots simples, il interroge l’état de son pays, dénonçant les promesses non tenues, les inégalités criantes et les infrastructures défaillantes qui pèsent sur le quotidien des Congolais. Ce slam, à mi-chemin entre le témoignage et le manifeste, capte immédiatement l’attention par sa capacité à conjuguer la douleur collective avec une aspiration intime à l’espoir.

Au-delà de l’émotion qu’il suscite, ce texte brille par son universalité. Il dépasse la simple critique politique pour poser une question fondamentale : qu’est-ce qu’une nation si elle oublie ceux qui la composent ? Jean-Pierre KP esquisse un tableau des contradictions de son pays, où les églises se multiplient plus vite que les écoles et où les routes deviennent des symboles de lutte quotidienne. Son appel à un Congo paisible est une prière, mais surtout une injonction à l’action. Ce slam, ancré dans la réalité congolaise, transcende les frontières pour rappeler à chacun l’importance de rester vigilant face aux injustices. Une œuvre aussi nécessaire qu’intemporelle.

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TANT DE QUESTIONS

Tant de questions je pose, tant de questions se posent sur moi ce mois-ci.

Ils se donnent du plaisir, s’approprient nos voix et tracent leur chemin vers les élections, se dénudant de leurs promesses.

Souvenez-vous de vos engagements durant les campagnes ?

Où nous avez-vous réunis, SA TUBA PANYA ?

Vos enfants vivent à l’étranger, tandis qu’ici, nous avons des routes non asphaltées, des chemins escarpés et des descentes abruptes comme des ravins.

Des élèves en difficulté parcourent des kilomètres pour atteindre leurs écoles, ne respirant que le vent.

J’ai des doutes sur ces routes qui n’ont ni espace réservé aux piétons.

Tant de jetons qu’ils appellent vignettes et patente.

Pourtant, c’est là où se trouve notre préoccupation : des routes bien construites.

Il y a plus d’églises que d’écoles,

Les élèves entassés dans leurs salles de classe.

Ici, on n’aspire qu’à la souffrance.

Des rivières sans barrages, sans passages, nous mettent dans l’embarras…

Je veux de ce pays,

Un Congo paisible.

Un Congo plus qu’un serment.

Par JEAN-PIERRE KP