Avec “Vie comme guerre”, Joe Mpala, jeune poète slameur de la République Démocratique du Congo, nous livre un texte d’une intensité rare, où chaque mot résonne comme une balle tirée au cœur des réalités humaines. Dans une cadence implacable, il compare la vie à un champ de bataille, un combat incessant où l’on avance seul, marqué par les blessures et les choix. À travers ses vers, il éclaire un quotidien universel, fait de luttes personnelles et de résilience collective, tout en insufflant une réflexion sur le sens de l’existence et des priorités.
Ce slam, à la fois brut et poétique, dépasse les frontières personnelles pour toucher aux grandes questions de notre époque : l’individualisme, les inégalités, et la quête de sens dans un monde chaotique. Joe Mpala ne se contente pas de témoigner ; il interpelle, provoque et mobilise. “Vie comme guerre” est bien plus qu’un texte : c’est un appel à ne jamais cesser de se battre, avec ou sans victoire en vue.
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VIE COMME GUERRE
Si la vie est une guerre,
Je suis venue au monde en militaire.
Une fois vieux, je finirai peut-être colonel ou blessé de guerre.
Alors, pas de gaspillages vulgaires.
La vie est dure, la vie est belle,
La vie est comme elle est.
Les gens sont durs, rebelles,
Car on vit dans un monde mêlé.
Les plus drôles avec la vie,
C’est que c’est chacun pour soi.
Sans les autres, sans amis,
Dans ma tombe, il n’y aura que moi.
La vie est une guerre,
C’est pour cela que je me bats pour ma passion.
Si c’est une aventure, alors je prie
Pour la bonne décision.
Comme un naufragé, je fais semblant
De ne pas ressentir les coups et de couler.
Quand la vie, comme un foreman,
Me fait voir toutes les couleurs.
Personne ne se battra à ma place,
Alors je lutte.
Si la vie est un cours,
Je l’appelle torture et insultes.
En tant que militaire,
Je finirai peut-être blessé de guerre,
Mais j’irai jusqu’au bout, coûte que coûte,
Même si je n’en ai pas l’air.
Dans ma tombe, il n’y aura que moi.
C’est pour cela que je regarde l’heure.
Le temps, c’est de l’argent,
C’est peut-être pour cela qu’il ne fait pas le bonheur.
Si ma mère m’a donné la vie,
La vie m’a appris l’envie.
Et si je ne peux pas m’offrir le paradis,
Je peux au moins éviter de pourrir en enfer.
Dans ma tombe, il n’y aura que moi.
Alors je ne pense pas à m’enfermer.
Dans ce cas, qui mettra de la terre sur moi pour m’enterrer ?
Et qui me mettra dans mon cercueil ?
JOE MPALA