Le slam a conquis l’Afrique avec une vigueur impressionnante. Ce mouvement, qui trouve ses racines dans la scène urbaine des années 1980 à Chicago, a prospéré sur le continent africain en tant que moyen puissant de communication et de résistance sociale. Cependant, malgré son impact culturel et social, le statut des artistes slameurs en Afrique reste complexe et souvent précaire.
La question du statut des artistes africains en général est très épineuse. Tous les grands noms de la musique africaine s’accordent à dire qu’il est precaire de vivre de son art. En tout cas, pas des droits d’auteurs. Alors pour tirer leur épingle du jeu, ils s’orientent vers les revenus générés par les ventes de leurs œuvres, les investissements, les tournées et les dédicaces (pour les musiciens) et système des droits d’auteurs occidentaux à l’instar de la SACEM.
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Le statut des artistes slameurs en Afrique est à la fois prometteur et problématique. Même si le problème est assez global, laissez-nous prêcher pour notre église !
La reconnaissance artistique
Tout d’abord, le slam en Afrique ne se cantonne pas à la simple performance artistique. Il sert de plateforme aux jeunes pour exprimer leurs préoccupations, leurs rêves et leurs frustrations. Ils y abordent des thèmes variés comme la politique, l’injustice sociale, l’amour, la pauvreté et la liberté. Les artistes slameurs, souvent perçus comme la voix de la jeunesse, jouent un rôle crucial dans la sensibilisation aux problèmes sociétaux.
Dans de nombreux pays africains, le slam a gagné en popularité, attirant l’attention des médias et des institutions culturelles. Des festivals de slam se tiennent régulièrement à travers le continent, offrant aux artistes une visibilité accrue. Des slameurs tels que Souleymane Diamanka du Sénégal ou encore Poetra Asantewa du Ghana ont émergé comme des figures influentes, non seulement sur la scène locale mais aussi internationale.
Soutien institutionnel
Malgré cette reconnaissance, le soutien institutionnel demeure limité. Voire même inexistant dans certains pays. Peu de gouvernements africains ont mis en place des politiques culturelles spécifiques pour soutenir les artistes. Pour des pays qui sont tout le temps en situation de belligerance, l’art n’est jamais une urgence ! Les rares financements publics sont souvent insuffisants, et les artistes doivent se tourner vers des ONG ou des sponsors privés pour obtenir un soutien financier.
Défis économiques et professionnels : la précarité financière
La plupart des slameurs africains font face à une précarité financière. Les revenus générés par les performances sont souvent sporadiques et insuffisants pour subvenir aux besoins quotidiens. De nombreux artistes doivent cumuler plusieurs emplois pour vivre, ce qui limite leur capacité à se consacrer pleinement à leur art.
L’absence d’un cadre légal structuré pour protéger les droits des artistes est un autre défi majeur. La protection des droits d’auteur est souvent faible, ce qui rend les artistes vulnérables aux exploitations. Les slameurs ont besoin de structures juridiques solides pour protéger leur travail et garantir une rémunération équitable.
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L’impact social et politique
Le slam n’a jamais été en marge de la société au contraire, il est souvent utilisé comme un outil de changement social. Les slameurs abordent des sujets sensibles et défient les normes établies, ce qui peut parfois entraîner des répercussions politiques. Dans certains pays, les artistes font face à la censure ou à l’intimidation lorsqu’ils critiquent ouvertement le gouvernement ou les institutions.
De plus en plus, le slam est intégré dans les programmes éducatifs comme un moyen d’encourager la pensée critique et la créativité chez les jeunes. Des ateliers de slam sont organisés dans les écoles et les communautés, offrant aux jeunes un espace pour développer leurs compétences en communication et en expression personnelle.
Perspectives d’avenir : vers une professionnalisation
Le slam africain continue de gagner en reconnaissance sur la scène internationale. Les échanges culturels et les collaborations avec des artistes d’autres continents offrent de nouvelles opportunités pour les slameurs africains. Cette visibilité mondiale pourrait ouvrir la voie à des carrières plus stables et à une reconnaissance accrue.
Pour améliorer le statut des slameurs, il est crucial de professionnaliser le secteur. Cela implique la création de syndicats d’artistes, le renforcement des droits d’auteur et l’amélioration des conditions de travail. Une collaboration accrue entre les artistes, les institutions culturelles et les gouvernements pourrait également jouer un rôle clé dans la transformation du slam en une profession viable.
Pour que le slam atteigne son plein potentiel en tant que moteur de transformation sociale et culturelle, un soutien accru et des réformes structurelles sont nécessaires. En fin de compte, c’est une question de reconnaissance. De l’importance de l’art et de la culture dans la société africaine contemporaine.