Dans un monde où les mots ont le pouvoir de transcender les barrières, Koffi Gbizié Parfait, alias Kapegik, émerge comme une voix incontournable de la scène culturelle ivoirienne. Membre fondateur du Collectif Au Nom du Slam, il incarne une nouvelle génération d’artistes qui réinventent le slam en le teintant de l’argot local, le nouchi. Avec une plume aiguisée et un sens de l’humour percutant, Kapegik ne se contente pas de divertir ; il éveille les consciences et célèbre la richesse de la culture populaire ivoirienne.
Kapegik fait ses débuts sur la scène du slam à la fin de l’année 2013, lors d’un concours organisé par le Goethe Institut. Ce moment marque la naissance du Collectif Au Nom du Slam, qui donnera lieu au festival Babi Slam et au championnat national de slam. Son style, qu’il décrit comme du “slam terre à terre”, s’ancre dans le quotidien des Ivoiriens, rendant la poésie accessible à tous.
En tant que professeur de français et de nouchi à l’Institut Français de Côte d’Ivoire, Kapegik allie passion et pédagogie. Ses cours ne se limitent pas à l’enseignement des langues ; ils ouvrent une fenêtre sur la culture et les réalités sociopolitiques du pays. Pour lui, le nouchi n’est pas seulement un dialecte, mais un véritable outil d’expression et de connexion.
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La force du Nouchi
Le nouchi, argot ivoirien, est au cœur de l’œuvre de Kapegik. Dans son livre, “Ce n’est pas le tonnerre mais notre estomac qui gronde“, il explore cette langue vivante et dynamique. “Le nouchi est une langue que nous utilisons tous les jours depuis notre enfance“, explique-t-il. “Ayant grandi à Adjamé, c’était naturel pour moi de m’exprimer ainsi.” Cette proximité avec la langue lui permet de toucher un large public, allant des jeunes aux adultes.
Les retours sur son livre ont été très positifs. De nombreux lecteurs ont souligné l’aspect pédagogique de son œuvre, affirmant avoir appris à parler nouchi grâce à sa plume. Cette réussite témoigne de l’impact de son travail sur la promotion de cette langue et de la culture ivoirienne.
Un art engagé
Kapegik ne se contente pas de performer. Il utilise sa voix pour aborder des thèmes sociaux et politiques qui touchent son pays. Ses performances, souvent teintées d’humour, invitent à réfléchir sur la pauvreté, la corruption et la jeunesse. Lors de son passage au Parlement du Rire sur Canal +, il a captivé son audience avec des récits poignants et des observations critiques.
Son engagement a été reconnu en 2022. Il a reçu un award aux Awards de la Jeunesse, une distinction qui célèbre son dévouement à l’art du slam. Cet award souligne l’importance de sa contribution à la scène culturelle ivoirienne et son rôle d’ambassadeur du slam.
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L’art du slam comme miroir de la société ivoirienne
La montée de Kapegik sur la scène artistique ivoirienne reflète une tendance plus large. Ce renouveau de la culture populaire se fait à travers des formes d’expression authentiques. Le slam, porté par des artistes comme lui, devient un vecteur de changement et de dialogue. En mêlant humour et critique sociale, Kapegik crée un espace où les jeunes peuvent s’exprimer et se reconnaître.
Sa participation à divers spectacles en Côte d’Ivoire et en Afrique témoigne de son influence croissante. En collaborant avec d’autres artistes et en partageant sa passion pour le nouchi, il valorise l’identité culturelle ivoirienne.
Koffi Gbizié Parfait, alias Kapegik, est plus qu’un slameur. Il est un pionnier d’une forme d’art qui résonne avec l’âme du peuple ivoirien. À travers son travail, il montre que la poésie peut être accessible et profondément engagée. Son parcours et son utilisation inventive du nouchi font de lui une figure incontournable de la scène artistique contemporaine en Côte d’Ivoire.
Alors que le slam continue d’évoluer, Kapegik reste une voix essentielle. Il rappelle à tous que les mots, bien choisis, peuvent changer le monde.