Quand la vie vacille, la parole devient refuge. Hélène Beket, slameuse ivoirienne au destin bouleversant, incarne cette vérité avec une intensité rare. De ses débuts dans la rue à ses triomphes sur les scènes nationales et internationales, elle a transformé ses épreuves en poésie vivante. Aujourd’hui, elle est l’une des figures majeures du slam en Côte d’Ivoire, une artiste acclamée et une voix qui résonne bien au-delà des mots.
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Une vocation née dans l’adversité
Née en Côte d’Ivoire, Hélène Beket découvre la poésie orale très jeune, croyant d’abord faire du rap au CM2. Mais c’est à 15 ans que sa relation avec le slam prend véritablement racine, dans un contexte de grande vulnérabilité. Après le décès de son père à l’âge de 7 ans, sa mère, d’origine ghanéenne, retourne dans son pays, la laissant sous la tutelle d’une tante. Trois ans plus tard, elle est mise à la porte.
« C’était le début de la galère, » confie-t-elle. Pendant deux ans, elle survit dans la rue, trouvant refuge dans des mosquées. Pourtant, Hélène refuse de laisser ses conditions la définir. « Je me levais tôt, je me lavais, je m’habillais correctement, » explique-t-elle. Son salut viendra du slam, une discipline qui lui permet de se reconstruire et de reprendre pied.
Une ascension encadrée par des mentors
La rencontre avec Bee Joe, un coach et acteur influent du monde du slam, marque un tournant décisif dans sa carrière. « Elle avait le truc, » se souvient Bee Joe, évoquant leurs premiers exercices ensemble. Grâce à son mentorat, Hélène Beket affine sa plume et développe une présence scénique captivante. Membre du collectif Au Nom du Slam, elle s’impose rapidement comme une artiste incontournable sur les grandes scènes d’Abidjan, notamment à l’Institut Français et au Goethe-Institut.
En 2017, elle entre dans l’histoire en devenant la première femme finaliste du championnat national de slam. L’année suivante, elle représente la Côte d’Ivoire au Burkina Faso, participant à des événements prestigieux comme le festival Un village dans la ville et Pluie de mots. Sa voix, empreinte d’émotion et de profondeur, touche les publics au-delà des frontières.
Une artiste engagée et une figure médiatique
Si le slam est son art, Hélène Beket ne se limite pas à la scène. En 2022, sa carrière prend une nouvelle dimension grâce à ses collaborations médiatiques. Repérée par la chaîne 7info, elle devient chroniqueuse régulière dans l’émission Droit dans les yeux. Parallèlement, elle anime une émission sur les musiques urbaines pour La Voix de la Diaspora, où elle invite rappeurs, slameurs et artistes R’n’B à partager leurs parcours.
Son engagement va bien au-delà du divertissement. À travers ses textes, elle aborde des thèmes profonds : la pauvreté, la résilience, l’identité. « Dans mon slam, je parle de tout ce qui me touche. Mais il y a des choses qu’on ne dit pas. C’est honteux d’être pauvre, on culpabilise, » avoue-t-elle. Pourtant, c’est justement cette authenticité qui fait sa force, sa capacité à transformer le silence en parole libératrice.
Une artiste en quête de transmission
Hélène Beket refuse de prendre un pseudonyme artistique. Pour elle, monter sur scène est une manière de rendre hommage à son père : « Quand je me produis, je parle à mon père. Je lui dis : “Tu vois où ton nom est arrivé ? Tu as réussi !” » Cette quête de transmission se reflète aussi dans son parcours médiatique, où elle inspire les jeunes générations à croire en leurs rêves, malgré les obstacles.
Elle salue les figures qui l’ont soutenue, comme le PDG de MediaPhil, qu’elle appelle affectueusement « mon protecteur ». C’est grâce à lui qu’elle a pu s’épanouir pleinement dans son art, mais aussi à la radio et à la télévision. Hélène enchaîne aujourd’hui les projets, affirmant : « Nos peurs sont faites pour être vaincues et nos rêves pour être vécus. »
Un modèle de résilience
Hélène Beket est bien plus qu’une slameuse. Elle est une survivante, une voix porteuse d’espoir, un exemple de détermination pour toute une génération. À travers le slam, elle a trouvé un moyen de sublimer ses blessures et de partager ses combats. Son parcours, entre ombres et lumières, rappelle que la parole, même fragile, peut devenir un outil puissant de transformation. Aujourd’hui, Hélène Beket continue de faire vibrer les cœurs, prouvant que, face à l’adversité, la poésie peut être une arme infaillible.