L’Afrique connaît une forte mobilité de sa jeunesse, poussée par des raisons économiques, sociopolitiques et sécuritaires. Si l’image des migrants traversant la Méditerranée domine souvent les récits, les déplacements internes au continent sont tout aussi significatifs. Face à ces réalités, le slam s’impose comme un moyen d’expression privilégié. À travers des performances souvent prenantes, des artistes racontent l’exil, les frontières et les espoirs d’une jeunesse en quête d’un avenir meilleur.
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Une migration multiple et complexe
Les migrations africaines ne se limitent pas aux départs vers l’Europe ou l’Amérique. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 70 % des migrations africaines restent intra-continentales. Les conflits, le changement climatique et les crises économiques poussent des milliers de personnes à quitter leur région natale pour d’autres pays africains.
Dans des pays comme le Mali, le Nigeria ou la République démocratique du Congo, les déplacements internes sont massifs. La recherche de sécurité ou d’opportunités économiques conduit des populations entières à s’installer dans de nouvelles villes, parfois en traversant plusieurs frontières. Ce phénomène crée des défis sociaux et économiques majeurs, mais aussi des récits humains que le slam capte et transmet avec vivacité.
Le slam, un écho aux espoirs et aux blessures de l’exil
Face à ces réalités, le slam devient un miroir des expériences migratoires. Ce genre poétique, qui mêle parole rythmée et engagement, sert de tribune à ceux qui vivent ou témoignent de l’exil. Ces poètes, artistes et griots des temps modernes racontent, à travers leurs textes, les rêves et les désillusions des migrants.
Le slam met en lumière les raisons du départ, la douleur de la séparation et les obstacles rencontrés sur la route. Certains textes dénoncent les passeurs sans scrupules ou les politiques migratoires restrictives. D’autres célèbrent l’espoir et la résilience de ceux qui, malgré tout, poursuivent leur quête d’un avenir meilleur.
Des scènes et des festivals engagés
Les slameurs africains ne se contentent pas d’écrire, ils se produisent sur des scènes engagées. Des festivals de slam partout en Afrique offrent une plateforme aux artistes qui abordent ces thématiques. Ces événements rassemblent un public large, allant des jeunes en quête d’expressions nouvelles aux chercheurs et activistes préoccupés par la question migratoire.
Les performances live, souvent accompagnées de percussions ou de musiques traditionnelles, renforcent l’impact émotionnel des textes. Le slam devient ainsi un outil de sensibilisation, mais aussi de catharsis pour ceux qui ont vécu l’exil.
Un art au service de la mémoire et du changement
Au-delà de l’esthétique, le slam joue un rôle politique et social. Il documente les réalités migratoires et interpelle les décideurs. De nombreux slameurs collaborent avec des ONG et des institutions internationales pour porter ces récits sur des scènes plus larges. En donnant une voix aux migrants et aux déplacés internes, le slam participe à une meilleure compréhension des défis de la migration en Afrique. Il rappelle que derrière les chiffres et les discours politiques, il y a des vies, des espoirs et des rêves qui méritent d’être entendus.
Le slam africain transforme les récits d’exil en une force artistique et politique. Il témoigne des souffrances, mais aussi de la résilience et de l’aspiration à un avenir meilleur. Dans un continent marqué par des migrations multiples, il permet de raconter autrement ces parcours, loin des clichés et des discours simplistes. En élevant la voix des migrants, il fait de la poésie un acte de mémoire et d’engagement.