Dans l’univers du slam malien, un nom en particulier se démarque : Sasha la Slameuse. De son vrai nom Aïcha Diarra, elle fait partie des premières femmes à avoir tracé la voie du slam au Mali. Slameuse de talent, dramaturge et comédienne, elle incarne une génération d’artistes engagés, prêts à utiliser les mots pour provoquer le changement. Aujourd’hui, au-delà des scènes nationales et internationales où elle a brillement performé, elle se consacre à la formation des jeunes slameurs au sein du groupe Agoratoire. Dans une démarche de transmission et de pérennisation de son art.
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Les premiers pas dans le slam
Etudiante en licence de lettres à la Faculté des Lettres et Sciences du Langage (FLSL), Sasha la Slameuse a découvert le slam en 2014, lors d’une compétition interscolaire organisée par Agoratoire. Alors en terminale, elle termine troisième du concours, une performance qui éveillera en elle une passion dévorante pour cet art. Un an plus tard, après l’obtention de son baccalauréat, elle rejoint officiellement le groupe Agoratoire et commence à faire ses preuves sur les scènes maliennes.
Rapidement, son talent et la pertinence de ses textes lui permettent de s’imposer comme une figure majeure du slam malien. Elle aborde des thèmes sociétaux avec une aisance qui captive son public. Sa voix transcende les frontières et la propulse sur des scènes internationales, notamment au Niger et en Côte d’Ivoire, où elle se fait remarquer lors du festival Babi Slam.
En reconnaissance de son engagement et de son expertise, elle est nommée chargée des ateliers de slam au sein d’Agoratoire. Un rôle qui lui permet de transmettre son savoir-faire aux nouvelles générations. “Former les jeunes, c’est assurer la continuité de cet art qui m’a tant donné“, confie-t-elle avec fierté.
Une vision engagée du slam
Pour Sacha, le slam ne se limite pas à la déclamation de vers rythmés. Elle le perçoit comme un outil puissant de liberté d’expression et de prise de conscience. Puisque le slam, c’est aussi donner voix à ce que l’on n’ose pas dire, un art qui porte des messages et qui peut atteindre les sphères décisionnelles. Pour Sasha, le slameur est un messager, une voix qui met en lumière les maux de la société pour les exposer au monde.
Elle se dit optimiste quant à l’avenir du slam au Mali. Si, autrefois, cet art était méconnu du grand public malien, elle observe aujourd’hui un engouement croissant. Notamment chez les jeunes, et espère contribuer à sa vulgarisation à travers tout le pays.
Entre plume et scène : un engagement littéraire
En parallèle de sa carrière de slameuse, Sasha est également dramaturge et comédienne. Son amour pour la littérature l’a conduite à écrire plusieurs textes de théâtre. Dont certains ont été réalisés dans le cadre de projets sociaux. L’un de ses ouvrages majeurs aborde la question du planning familial. A travers le conflit entre tradition et modernité, illustrant son engagement pour les droits des femmes et des enfants.
Par ailleurs, elle travaille actuellement sur un projet qui lui tient à cœur : un livre de slam. “Un album peut s’oublier, mais un livre reste à jamais“, dit-elle. Elle espère ainsi laisser une trace indélébile dans l’histoire du slam malien et africain.
Une artiste assumée et engagée
Les thèmes abordés dans ses œuvres, souvent centrés sur les droits des femmes et la condition féminine, lui valent parfois l’étiquette de “féministe”, un qualificatif qu’elle ne renie pas. Elle se positionne comme une voix forte pour l’émancipation des femmes à travers l’art. Et continue de militer pour un monde où chaque individu puisse s’exprimer librement.
Par son talent et son engagement, Sasha la Slameuse s’impose aujourd’hui comme une figure incontournable du slam malien et africain. Elle incarne cette nouvelle génération d’artistes qui utilisent leur voix pour impacter, inspirer et transformer la société.