Dans un monde où les voix féminines sont souvent étouffées, Rana Al Hassanein s’impose comme une figure emblématique du slam égyptien. Artiste, écrivaine et penseuse, elle se bat pour briser les stéréotypes entourant les femmes égyptiennes et redéfinir l’image de la voix féminine dans un pays majoritairement musulman. À travers ses mots puissants, elle évoque une nouvelle ère d’expression et de liberté, attirant l’attention sur des réalités souvent négligées dans le discours public.
Une héritière de la plume
Fille d’un écrivain égyptien, Rana Al Hassanein perpétue un héritage littéraire tout en forgeant sa propre voie. Son parcours est marqué par une volonté de rendre hommage à son père. Tout en continuant son combat pour la liberté d’expression. Cette “crieuse sans excuses”, souligne son engagement à défier le statu quo. Par sa poésie, elle aborde des thèmes délicats tels que la religion et la condition des femmes, offrant une perspective audacieuse qui résonne avec de nombreuses jeunes générations.
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Les ténèbres de la révolution
Rana a connu l’effervescence des révolutions égyptiennes de 2011, une période décisive qui a profondément influencé son écriture. En 2012, elle participe au “Dream Deferred Essay Contest on Civil Rights in the Middle East” organisé par HAMSA. Elle y remporte le concours avec un essai captivant sur ses expériences dans les rues du Caire pendant l’insurrection. Ce texte, salué par un jury prestigieux comprenant des figures telles qu’Azar Nafisi et Gloria Steinem, révèle non seulement son talent, mais aussi son engagement envers la justice sociale. “Les rues du Caire étaient un laboratoire d’idées”, raconte-t-elle, évoquant l’atmosphère de défi et d’espoir qui régnait alors.
Graffiti et Résistance
En 2014, Rana coécrit “Graffiti Baladi”, un projet de livre qui allie photographie et écriture pour documenter les événements marquants de la révolution. Ce travail souligne l’importance de l’art comme forme de résistance et de témoignage. Les graffitis, souvent perçus comme des actes de vandalisme, deviennent ici des symboles de lutte et de revendication. “L’art est une arme” ! Affirme Rana, ajoutant que sa mission est de donner une voix à ceux qui sont souvent réduits au silence. Ce projet a non seulement élargi son horizon artistique, mais lui a également permis de tisser des liens avec d’autres artistes et intellectuels à travers l’Égypte et au-delà.
Un héritage africain et une connexion culturelle
Les poèmes de Rana ont également été publiés dans l’anthologie “Best New African Poets”. Un tournant majeur qui lui a permis d’explorer son héritage africain tout en établissant des ponts avec différentes cultures. Elle voit la poésie comme un moyen de relier les luttes des femmes à travers le continent. Pour elle, “Chaque voix compte”, évoquant l’importance de l’unité dans la diversité. Ce lien avec d’autres artistes africains enrichit son travail et lui permet d’aborder des thèmes universels tout en restant ancrée dans son identité égyptienne.
Un engagement politique et personnel
Rana Al Hassanein ne se limite pas à l’art ; elle s’engage également dans la sphère politique. Son œuvre aborde la lutte pour les droits des femmes et la liberté d’expression dans un contexte où ces sujets sont souvent tabous. “Je n’ai aucun respect pour la correction politique”, dit-elle avec conviction. Cette audace est palpable dans ses performances, où elle aborde des sujets sensibles avec une franchise déconcertante. Lors de la première édition de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie (CASP) au Tchad en 2018, elle a été désignée par ses pairs comme ambassadrice de l’Égypte à cette messe.
Rana Al Hassanein incarne une nouvelle génération de voix féminines en Égypte, déterminées à revendiquer leur place dans la société. À travers son art, elle défie les stéréotypes. Evoque des luttes personnelles et collectives, et se bat pour un avenir où chaque voix est entendue. Son engagement pour la liberté d’expression et son héritage littéraire font d’elle une figure essentielle de la culture arabe. Alors que le monde change, le message de Rana reste clair. La poésie est un outil puissant pour la transformation sociale et l’émancipation !