Sur scène, ses mots frappent comme des coups de tonnerre. En dehors, sa voix est calme, presque méditative. Amine Mkallech, champion du Maroc de slam-poésie 2025, est bien plus qu’un simple performeur. Comédien, poète, enseignant et metteur en scène, il incarne une génération d’artistes engagés, à l’écoute de leur époque. Son récent sacre national marque l’accomplissement d’un parcours artistique riche et multiforme, nourri par une sensibilité sociale et un regard acéré sur les dérives de notre temps.
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Un parcours ancré dans le vivant
Né à Oujda en 1991, Amine Mkallech a grandi à Jerada. Une ville marquée par l’activité minière, les difficultés sociales et un tissu populaire résilient. Ce contexte l’a exposé tôt aux injustices et aux luttes du quotidien. Diplômé de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle (ISADAC) en 2017, option interprétation, il a très vite diversifié ses activités. Professeur de théâtre dans une école privée, il poursuit en parallèle un master à l’Université Ibn Tofail de Kénitra. Sa carrière reflète une volonté constante d’éduquer, de transmettre et de créer.
Ses premiers pas dans l’écriture remontent à l’adolescence. Il griffonne alors des paroles de rap, des textes introspectifs, parfois des anecdotes humoristiques. Il se fait connaître du grand public lors de sa participation à la première saison de l’émission “Stand Up” en 2017. Mais c’est à l’ISADAC que son rapport à l’écriture s’intensifie. Ses textes prennent forme autour de thèmes forts : l’oppression, les luttes sociales, les failles humaines. Il revendique une poésie du réel, ancrée dans le quotidien et dans les colères du monde.

Un champion porté par la scène
En 2025, il remporte la 5e édition du championnat national de slam-poésie DKLAM. Un titre qui salue non seulement la puissance de ses textes mais aussi la force de son interprétation. Car Amine est un homme de scène, rompu au jeu dramatique. Sa voix, sa gestuelle, sa présence magnétique transforment chaque performance en expérience sensorielle. Il avait déjà reçu plusieurs distinctions, notamment lors de concours de poésie organisés par l’Institut Agronomique Hassan II et l’EST de Salé. Mais ce sacre national lui ouvre une nouvelle reconnaissance.
Théâtre, télévision, cinéma : un artiste complet
En parallèle de la poésie, Amine Mkallech mène une carrière d’acteur. Il joue dans des pièces emblématiques comme Les Noces de Sang, Tartuffe, ou encore La Douce Amertume. Il a mis en scène Danger : Virage et collabore avec de grands noms du théâtre marocain. Côté écran, il est apparu dans des séries télévisées marquantes telles que Rdat Al Walida ou Yaqout w Anbar, où il campe le rôle d’Omar. Il participe également à des productions cinématographiques comme Les Harkis de Philippe Faucon ou Les Tempêtes de Danya Raymond Bougno. Plus récemment, il est directeur de casting sur des projets marocains et internationaux.
L’engagement par l’art
Ce qui distingue Amine Mkallech, c’est la cohérence de son engagement artistique. Qu’il écrive, joue, mette en scène ou enseigne, il s’adresse toujours à l’humain. Il donne des ateliers théâtraux dans plusieurs villes du Maroc, convaincu que l’art peut être un levier d’éveil, de parole, de transformation. Son recueil Pas d’amour après aujourd’hui, trahison après trahison s’apprête à paraître. Il y explore les blessures intimes, les désillusions, les fêlures silencieuses.
Un avenir à suivre de près
Amine Mkallech fait partie de ces voix montantes qui redonnent du souffle à la création contemporaine. Slam, théâtre, écriture, éducation : il crée des passerelles entre les disciplines, entre les publics. Son parcours reflète l’émergence d’une génération d’artistes marocains hybrides, ancrés et ouverts, critiques et constructifs. Le titre de champion national de slam-poésie n’est sans doute qu’une étape dans un itinéraire appelé à rayonner davantage encore, sur la scène nationale comme internationale.