Le slameur ivoirien Nin’wlou a marqué un tournant dans sa carrière avec son album Autre Chose, un opus de 11 titres qui fait déjà écho dans le paysage musical ivoirien. Initialement annoncé comme un simple concert, cet album a été dévoilé de manière inattendue lors d’une soirée mémorable le samedi 14 septembre 2024, au prestigieux Wafou de Biétry. Quelques mois plus tard, l’album a été mis à disposition sur les plateformes de téléchargement légal, offrant un souffle nouveau au slam africain.
Un album qui commence par un rappel : c’est “Autre Chose”
L’album s’ouvre avec le morceau éponyme, Autre Chose, qui donne d’emblée le ton : ce projet se veut différent, avant-gardiste, tout en restant ancré dans les réalités sociales et culturelles de son auteur. Avec sa poésie incisive et sa voix posée, Nin’wlou invite les auditeurs à découvrir un univers où chaque mot compte.
Des hommages puissants et personnels
L’un des moments les plus touchants de cet album est sans doute le morceau NIEHI. Un vibrant hommage à sa mère. À travers des paroles sincères et un lyrisme maîtrisé, Nin’wlou exprime tout l’amour et la reconnaissance qu’il lui porte : « Elle est le centre de ma vie », confie-t-il. Ce titre s’impose comme un véritable cri du cœur.
Le slam se fait également personnel avec “Je ne suis pas seul”, où l’artiste célèbre le soutien indéfectible de sa famille et de ses amis. Tout en reconnaissant l’importance de son public.
« Ma maman prie pour moi, ma famille veille sur moi »,
clame-t-il, dans une ode à la gratitude et à l’entraide.
Des collaborations marquantes
Nin’wlou s’entoure de talents pour enrichir son projet. Avec “Grand quelqu’un”, un titre produit par le beatmaker Frédéric Mawata, il affirme sa place dans l’univers artistique ivoirien. Ce morceau underground est une véritable déclaration de confiance en soi, portée par une production sophistiquée.
Le duo se retrouve également sur “Pour ces mômes”. Un titre poignant plaidant pour les droits des enfants, notamment les filles mineures victimes de mariages précoces. Avec un refrain en langue sara interprété par Mawata, ce morceau est un appel à l’humanité et à la prise de conscience, porté par une émotion brute.
Un regard critique sur la société ivoirienne
Dans “Revue de stress”, Nin’wlou adopte un ton acerbe pour dénoncer les travers de la société ivoirienne. En sept minutes percutantes, il aborde la politique, le phénomène du buzz et les comportements irresponsables de certaines célébrités et jeunes. « Star ou pas, on lutte pour que nos familles ne dorment pas à la belle étoile », martèle-t-il. Dans un slam éloquent en “nouchi”, l’argot ivoirien.
L’amour et l’art célébrés
Avec “Ma Yapobi”, Nin’wlou dédie un titre à l’amour, décrivant sa muse comme « le genre de fée dont le conte n’a pas encore été écrit ». Ce morceau, doux et sincère, contraste avec la gravité des autres titres, apportant une touche lumineuse à l’album.
Enfin, dans “Rapprochez le ciel”, Nin’wlou s’associe à son frère d’art Placide Konan. Pour souligner l’importance de valoriser la culture et l’art, rappelant leur rôle central dans l’élévation de l’humanité.
Une œuvre audacieuse et engagée
Avec Autre Chose, Nin’wlou prouve que le slam peut être à la fois intime et universel, personnel et politique. Chaque morceau résonne comme une invitation à réfléchir, à ressentir, et surtout à agir. Cet album, déjà salué par les critiques, s’inscrit comme une pierre angulaire du slam ivoirien. Et positionne Nin’wlou parmi les artistes les plus prometteurs de sa génération.