Mary Kech : slameuse pour les causes féminines

Le slam, art oratoire puissant et engagé, a trouvé une ambassadrice remarquable en la personne de Mariam Mohamed, alias Mary Kech. Cette jeune femme comorienne a su transformer ses mots en armes de libération et d’expression personnelle. À travers son parcours, Mary Kech illustre comment le slam peut servir d’outil d’émancipation pour les femmes en Afrique, leur permettant de briser les chaînes des normes sociales restrictives et de s’affirmer dans l’espace public.

Mary Kech a commencé son voyage artistique à l’âge de 11 ans, par le biais du théâtre. Elle a participé à plusieurs représentations, notamment au Palais du peuple, mais rapidement, l’espace théâtral s’est révélé insuffisant pour sa soif d’expression. “Le théâtre ne me suffisait plus, j’avais envie de m’exprimer plus“, confie-t-elle. En 2015, après avoir assisté à un spectacle du groupe de slam “Encre vitale”, elle a trouvé sa véritable vocation : le slam. “Je me suis dit, c’est ce que je veux faire“, se souvient-elle.

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Les débuts d’une carrière prometteuse

Encouragée par sa mère, Mary Kech a participé au championnat national de slam en 2016. Bien que novice, elle a réussi à passer le premier tour grâce à sa détermination et à son amour des mots. Malheureusement, elle a été éliminée au second tour. Cette expérience a été un tournant décisif dans sa vie. Elle raconte :

Je me sentais épanouie, j’étais vraiment dans mon élément.”

Mary Kech a ensuite intégré le collectif “Encre vitale” dans son village. Là, elle a eu l’opportunité de perfectionner son art. Sa rencontre avec DaGenius, un pionnier du slam aux Comores, a été déterminante. Grâce à ses ateliers et conseils, elle a gagné en maturité. Elle a ensuite rejoint le groupe “Les Slameurs de la lune“. En 2017, elle a remporté le championnat national de slam des Comores. Cela prouve que tout est possible lorsque l’on suit ses passions.

Une voix qui porte

Les textes de Mary Kech abordent des thématiques variées, de l’amour à la condition des femmes africaines, en passant par des sujets tabous comme le viol. Dans “Le vieux m’appelait chérie”, elle raconte l’histoire poignante de Dolly, une fillette de 12 ans abusée par un proche. “Je me sentais triste et seule, n’ayant personne à qui me confier. Petit enfant fut victime d’un acte atroce”, déclame-t-elle. Par ce biais, elle dénonce les abus sexuels contre les enfants, utilisant sa voix pour attirer l’attention sur des problèmes sociaux souvent ignorés.

Reconnaissance et influence

En 2018, Mary Kech a représenté les Comores à la première édition de la Coupe d’Afrique de slam-poésie à Ndjamena, au Tchad. Cette compétition continentale a rassemblé une quarantaine d’artistes, et sa participation a marqué une étape importante dans sa carrière. “Je suis à la fois fière et stressée. Je vis un rêve éveillé. Les choses sont allées si vite”, confie-t-elle.

L’émancipation par le slam

Le parcours de Mary Kech montre comment le slam peut être un vecteur d’émancipation féminine en Afrique. À travers ses performances, elle exprime ses expériences et défis. Elle inspire également d’autres femmes à revendiquer leurs droits. Le slam transforme des expériences personnelles en récits universels. Cela ouvre un dialogue sur des questions de genre, de justice sociale et de droits humains.

En utilisant le slam comme moyen d’expression, elle a trouvé sa voie. Elle a aussi créé un espace où d’autres femmes peuvent se sentir entendues. Son parcours est une source d’inspiration pour celles qui cherchent à s’émanciper et à faire entendre leur voix.