En 2020, le slameur guinéen Bademba Barry, plus connu sous le nom de Le Slameur de l’Ombre, se révèle au grand public avec son premier album éponyme : Le Slameur de l’Ombre. Cet opus de 11 titres, loin d’être une simple compilation de textes, se déploie comme un véritable manifeste poétique, où chaque mot est choisi avec soin, chaque phrase résonne d’une profondeur rare. Sa démarche, à contre-courant des formats classiques, commence d’ailleurs de manière originale : avant sa sortie numérique, l’album a d’abord été édité… en version papier. Une stratégie audacieuse qui montre toute la réflexion derrière son art.
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Dès les premières notes, Bademba Barry met ses émotions à nu. Le morceau “Quand ma plume est rose” ouvre le bal, un slam d’amour dévoué à son épouse, Fatoumata Diallo. Il y dévoile sans filtre ses sentiments dans une déclaration poétique touchante. L’amour familial est également au centre de “L’équation est complète”. Où il rend hommage non seulement à sa femme, mais aussi à son enfant et à sa mère. Ces deux titres révèlent un artiste qui puise dans son intimité pour livrer des textes authentiques et sincères.
“Mon slam” marque une rupture avec ces envolées sentimentales pour plonger dans une définition personnelle de son art. Avec des punchlines percutantes et une musique qui rappelle les sons festifs des années 2000, Barry revendique un slam engagé, fier et confiant. Ce titre est suivi de “100”, l’un des morceaux les plus politisés de l’album. Ici, le slameur s’élève contre les injustices sociales, les violences policières et la répression des manifestations. Il pose une question qui résonne particulièrement en Afrique : celle de la longévité des dirigeants au pouvoir.
L’album ne manque pas d’originalité avec des morceaux comme “La fête des mots”. Un jeu de langage rythmé où les mots dansent sous sa plume. Ou encore “Maman Habi”, un hommage émouvant à sa mère, où la voix de cette dernière apparaît en fin de vers, sublimant ce moment de poésie.
Chaque texte est un univers à part entière, une tranche de vie, une réflexion sur l’existence. “Dans le couloir”, le slameur interroge l’au-delà. Dans “L’ange de la bonne humeur”, Bademba Barry nous emmène dans son monde, où l’ombre et la lumière cohabitent dans une danse poétique fascinante.