La révolte des vers : Découvrez le puissant album ILS NE SONT QUE DES PAUVRES de Jhonel

Né sous le nom de Hamani KASSOUM HIMOU, celui que l’on appelle aujourd’hui Jhonel est né en 1984 au Niger avant que sa famille ne s’installe en Côte d’Ivoire. De nationalité nigérienne, Jhonel quitte son pays d’adoption et se rend à Niamey, au Niger, son pays d’origine en tant que slameur. Descendant de griots des temps anciens, il finit lui-même par le devenir, avec une touche de nouveauté : un griot des temps modernes, un griot 2.0 ! Et ce n’est certainement pas pour les mauvaises raisons.

En 2012, il fonde son festival de slam et d’humour (F.I.S.H Goni) et en 2013, en compagnie du batteur Jean-Luc Bernard, le spectacle voix-percussions. Dans le domaine de l’art et celui du slam, le poète sort son premier album, « Assalam Aleykoum » en 2010, maintien la vague en multipliant les sorties des singles et en collaborant avec d’autres artistes d’horizons bien divers (Mali, Côte d’Ivoire, France, Togo, New-York, Benin, Niger et bien d’autres) en passant par un autre album : « Ils ne sont que des pauvres ». Le 18 avril 2020, le griot moderne met en ligne, sur YouTube « 1000 poèmes », véritable chef-d’œuvre qui cumule à ce jour plus de 260.000 vues et a fait l’objet d’une large diffusion sur les réseaux sociaux.

Le griot 2.0 a choisi le poème pour transmettre,  émouvoir lors de ses prestations et faire retentir la voix des sans voix comme autrefois, Aimé Césaire dans « Cahier d’un retour au pays natal » avec finesse et intelligence. Pour le dire plus nettement, le poète séduit non seulement avec ses jeux de mots mais aussi par la pertinence de ses thématiques diversifiées. La survie des démunis au quotidien, la décadence de la société,  l’oligarchie ou encore la perte de valeurs sont autant de sujet qui reviennent dans ses proses et ses alexandrins qui accrochent sur tout le continent (et au-delà)  les fervents amateurs de l’art conscient et engagé. Jhonel est, oui, il faut le dire, le porte étendard d’une conscience africaine régénérée et d’une jeune consciente de ses tares et de ce qu’elle doit faire pour atteindre son autosuffisance.

Dans « Ils ne sont que des pauvres », le poète affirme ceci : « … Comme il est écrit devant notre porte, notre mission est d’enrichir les riches et d’appauvrir les pauvres ». Premier grain d’un chapelet qu’il égrène en dévoilant la plaie hideuse de la pauvreté. Dans sa « Cours commune » à Niamey, Jhonel aborde les questions sociales que l’on tait, ces problèmes honteux que tout le monde connait mais dont personne ne parle… L’irresponsabilité politique n’échappe pas à sa plume qui traque, qui trouve et qui expose les manquements des dirigeants à travers « L’ombre du roi ».

Au-delà du slam et comme une suite à son art, Jhonel est également auteur-écrivain, acteur et comédien. En 2014 puis en 2018, l’Harmattan publie deux de ses ouvrages, préfacés par Jean-Dominique Pénel, écrivain et philosophe, et pendant le même moment, il fait des apparitions dans les films et courts-métrage.