A l’heure où les mots résonnent comme des armes de transformation sociale, Huguette Izobimpa, slameuse burundaise, fait entendre une voix singulière et grave. Avec la sortie de son EP de six titres, IZOBIMPA, en juillet 2022, elle affirme sa place sur la scène artistique africaine et internationale. Cet opus, à la croisée du slam, du hip-hop et du RnB, explore des thématiques intimes, mêlant espoir, mémoire et résilience. Plus qu’un simple projet musical, IZOBIMPA est un manifeste poétique qui reflète les luttes et les aspirations d’une génération.
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Des récits intimes portés par la poésie du slam
Dans IZOBIMPA, Huguette Izobimpa dévoile une palette d’émotions, passant de l’introspection à une critique sociale plus large. Le titre “La femme que je veux“, en collaboration avec Mutama Torobeka, est une ode à l’idéal féminin. Huguette y décrit la femme qu’elle aspire à devenir : une figure forte, aimante, et porteuse d’espoir pour son entourage. Ce morceau se distingue par la douceur de son slam, touchant au cœur par son universalité.
Avec “Ici là-bas“, featuring Anaïs, elle explore des sonorités plus RnB. La nostalgie se mélange à une envie d’évasion, exprimant le désir de retrouver un amour perdu. La douleur se traduit dans des mots simples mais puissants, portés par un refrain mélodieux. Ce titre, empreint de mélancolie, montre une facette plus vulnérable de l’artiste.
Le hip-hop comme vecteur de rébellion et d’affirmation
Dans “Oublie-la“, Huguette adopte un ton plus incisif sur une rythmique hip-hop marquée. Avec un flow qui rappelle la force de la rappeuse Diam’s, elle invite à transcender la peur de la mort et à vivre pleinement. Le message est clair : chaque instant compte.
Un sentiment similaire traverse “Autrement“, où elle explore les regrets et l’envie de redéfinir sa trajectoire. Le texte, porté par un débit percutant et un beat énergique, évoque une urgence : celle de dire ce qui n’a jamais été dit, de vivre autrement avant qu’il ne soit trop tard.
Avec “Africa“, Huguette retourne à ses racines en dénonçant les injustices qui gangrènent le continent. Ce titre, à la fois hommage et cri d’alarme, pointe du doigt les pilleurs de ressources et honore les figures marquantes de l’histoire africaine. En filigrane, elle évoque les défis actuels du Burundi, son pays natal, sans jamais sombrer dans le désespoir.
Une artiste engagée au-delà des frontières
Huguette Izobimpa n’est pas une inconnue dans le monde du slam. Découvrant cette discipline en 2014 au lycée, elle se distingue rapidement par son talent, remportant plusieurs compétitions. En 2016, elle dirige le groupe Yetu Slam à Bujumbura, avant de représenter son pays à la Coupe d’Afrique de Slam Poésie au Tchad en 2018. Sa carrière prend une dimension internationale lorsqu’elle participe à des festivals au Rwanda, au Cameroun ou encore aux Comores. En 2021, elle entame une tournée en Belgique, partageant la scène avec d’autres artistes comme Gioia Kayaga. Parallèlement, elle approfondit sa formation artistique au Conservatoire Royal de Bruxelles.
En 2023, son talent est couronné lorsqu’elle devient co-lauréate du Prix Paroles Urbaines de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce parcours illustre une artiste déterminée, naviguant entre poésie, théâtre et engagement social.
Une voix porteuse d’avenir
Avec IZOBIMPA, Huguette Izobimpa confirme son statut d’artiste à suivre. Son EP, riche en émotions et en réflexions, s’impose comme une œuvre qui transcende les frontières culturelles. À travers des textes à la fois personnels et universels, elle donne une voix aux luttes et aux espoirs de sa génération.
Mais l’histoire d’Huguette ne s’arrête pas là. En combinant le slam, le théâtre et ses engagements, elle incarne une nouvelle génération d’artistes africains capables de réinventer les formes d’expression. Son parcours, entre Burundi et l’Europe, laisse entrevoir un avenir prometteur. Où la poésie reste un outil de transformation et de résilience face aux défis du monde contemporain.