Gopal Das Nounagnon : Le slameur béninois qui redynamise les langues nationales

Gopal Das Nounagnon, de son vrai nom Baktha Nounagnon Indra-Das, est un nom bien connu dans le milieu du slam béninois. Descendant des Hulênou, une lignée de griots du Bénin, ce parolier et professeur de langues nationales (gun, xwla) fait l’unanimité grâce à sa parole agissante. Après dix ans à écumer les scènes, il sort un premier album intitulé “Sasigbé”, une œuvre marquée par l’utilisation du goungbé, une des langues nationales qu’il promeut passionnément.

Un parcours enraciné dans la culture locale

Né à Porto-Novo, la capitale du Bénin, Gopal Das Nounagnon porte fièrement ses racines culturelles. Toujours vêtu de tenues traditionnelles et coiffé du gobi, un chapeau en coton tissé des Porto-Noviens, il véhicule des messages profonds à travers ses choix vestimentaires. C’est lors d’un séjour au Ghana qu’il prend pleinement conscience de l’importance de sa culture et de la puissance de la langue comme vecteur identitaire. « Nos griots déclamaient déjà des histoires sur une royauté, une famille. Peu à peu, je me suis rendu compte que ce qu’on appelle slam, en France, aux États-Unis, c’est l’art oratoire des vieux peuples », explique-t-il. Cette révélation a renforcé son engagement pour le retour aux langues nationales, qu’il considère essentielles pour freiner la disparition de la littérature orale africaine.

Les ateliers Oridjiji : une initiative pour L’alphabétisation

Dans cette optique, Gopal Das Nounagnon a lancé « Les ateliers Oridjiji », une initiative destinée à aider les artistes chanteurs à retranscrire leurs textes dans les langues nationales. Cette démarche vise à promouvoir l’alphabétisation et à donner un coup de pouce à la préservation des langues locales. « En tant qu’Africains, nous devons apporter un revers au règne dévalorisant du français », affirme-t-il, soulignant la nécessité de budgets conséquents pour l’éclosion et l’essor des langues nationales, à l’instar de ce que fait la France pour la langue française à travers la francophonie.

Un album qui célèbre la culture béninoise

Son premier album, “Sasigbé”, est une véritable ode à la culture béninoise. Le titre “Kutonu“, par exemple, est une balade poétique à travers Cotonou, la capitale économique du Bénin. Accompagné d’une douce musique, Gopal Das Nounagnon égrène le nom des différents quartiers en expliquant leur signification. « Gbegagamey », devenu « Gbegamey », où poussent les grands arbres, ou encore « Agla », là où il ne fait pas bon s’aventurer. Le titre lui-même est une référence historique : « Kutonu » signifie « sur les rives du fleuve de la mort ».

Le parcours de Gopal Das Nounagnon n’a pas été sans difficultés. En dix ans de carrière, il a dû faire face à l’absence de confiance, à l’humiliation et aux invectives de certaines personnes pour qui il a travaillé. Cependant, ces moments difficiles n’ont fait que renforcer sa résilience et sa détermination. Aujourd’hui, il peut se targuer d’avoir réalisé ses rêves, notamment de se produire en Martinique et d’être reconnu comme l’un des meilleurs paroliers de son pays.

Une authenticité incomparable

Ce qui distingue Gopal Das Nounagnon, c’est son authenticité. Natif de xwlà, il s’exprime principalement en gun, une marque singulière qui s’inscrit au cœur de ses créations et qui fait de lui un slameur unique. Franc, direct et discret, il ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de donner des conseils aux jeunes slameurs : « Que les slameurs en devenir respectent et reconnaissent leur place aux aînés, à ceux qui les ont précédés, et ainsi ils pourront se développer sans ambages. » Et d’ajouter : « Il faut rêver grand. Respecter les aînés. Travailler dur pour accomplir ses rêves. »