Au cœur de la vallée du Dadès, là où les falaises du sud-est marocain se dressent comme des sentinelles majestueuses, un jeune homme de 33 ans fait résonner sa voix à travers les mots. Essaid Manssouri, surnommé le “Poète du soleil” et “Poète de l’amour”, n’est pas un simple slameur. Né en 1991, ce poète berbère a su s’imposer dans le monde littéraire par une plume à la fois lyrique et profondément engagée. Finaliste d’une compétition internationale en Bosnie-Herzégovine et ambassadeur de l’art poétique au Venezuela et au Maroc, il incarne l’alliance parfaite entre la beauté de la langue et la force des messages humanitaires.
Son texte “Et devant ta fenêtre, j’écris…” est une ode à l’amour, mais aussi à la douleur, celle qui fait vaciller les cœurs et éveille les âmes. À travers des images poétiques saisissantes, Manssouri nous plonge dans un univers où chaque sentiment trouve sa place, entre espoir et désillusion. Dans ce slam, il explore les méandres d’une quête amoureuse, entre absence et mélancolie, tout en tissant un lien intime avec son lecteur, comme s’il lui soufflait à l’oreille la confession d’une âme blessée mais toujours pleine de vie.
Ambassadeur de l’émotion et du verbe, Essaid Manssouri nous invite à ressentir, à rêver, mais surtout à ne jamais cesser d’écrire, même “devant ta fenêtre”, là où l’amour et la poésie se rencontrent dans un souffle d’éternité.
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“Et devant ta fenêtre, j’écris…”
L’errant, l’aire, lire en l’air… À toi j’écris, et comme le ciel s’azurise
Et ton visage s’absente, une légère brise
Chancelle mon idéal, ébranle et frise.
Les fleurs de mon jardin, l’idéal s’amérise,
Tout est poète comme tes regards brisent
Les miens et mon cœur s’émut et s’aigrise,
Seul, assis, tout étourdi, je poète et je lyrise
Mes profonds sentiments et leurs crises
Je t’écris sur la terre comme je féerise
En plantant ta beauté et ta féminité éprise
Dans l’élu sillon, seul, ma plume noirise
Son ciel et le silence tranquille odorise
Tes longs, doux regards et leurs prises
Quand je pense à toi, remède, tu débrises
Mon cœur brisé, blessé et tu émerises
Mon inspiration sans déclarer une déprise,
t’es où ? je te cherche comme j’onirise
Ton absence en génuflexant devant
mon idéal parfois emporté par le vent
cherchant ton parfum qui sent l’évent,
mais, je n’ai qu’un cœur tout frisé,
Je ne suis qu’un poète au cœur brisé
Ô muse, j’ai besoin de tes câlins,
J’ai besoin de tes bras, de tes mains,
Je suis ce poète au cœur brisé,
sans pitié, fais-moi oublier ma fusée
De mélancolie, de peine, d’amnésie,
je suis perdu comme un livre jeté
Dans la rue, un livre sans titre ajouté
Dont les couvertures ont été abîmées,
Déchirées, trouvé par un enfant bien-aimé,
Et l’a pris, l’a serré dans ses bras, s’enfuyant
Vers sa maison, vers sa belle-mère en criant :
“Maman, manan, j’ai trouvé un beau livre!
Je crois que c’était, celui d’un bateau ivre !
Ô muse céleste, crois-moi, Ô muse chérie,
Sois comme ce petit enfant, serre-moi fort,
rassure et serre-moi, mon cœur a été déchiré,
A été arraché, tout abîmé, par ses efforts
Fais-moi comme ce livre jeté entre les bras
D’un enfant, ce livre que certains ignorants
Ont déchiré et jeté, ce livre où l’émoi battra
Ton cœur et sera fidèle à ton charme attirant
Ce livre que personne ne veut le lire sauf toi,
Prends-moi dans tes bras et rassure-toi,
Cours-moi dans la rue, crie ou écris-moi
En criant : <ce cœur tout brisé est pour moi
Seule ! Seule ! Sera toujours le mien, le mien !>
Crie et écris-le au monde <ce poète est pour
Moi seule ! Pour aujourd’hui et pour toujours !
Écris-le comme je l’écris en criant : “Je t’aime
Et j’ai besoin de toi, c’est à toi ce long poème.
Par Essaid Manssouri.