Diarafa Soukouna : la porteuse des voix oubliées du Mali

À seulement 21 ans, Diarafa Soukouna, alias Lalii, s’impose comme l’une des voix les plus prometteuses du slam au Mali. Née le 23 juin 2003, cette jeune slameuse malienne a su gravir les échelons pour décrocher le titre tant convoité de championne nationale de Massa Slam. Son parcours, à la fois inspirant et déterminé, témoigne d’une passion ancrée depuis son adolescence, nourrie par une volonté farouche de se faire entendre à travers ses mots.

C’est au lycée, alors qu’elle était en classe de 10e année, que Diarafa découvre le slam. « J’ai connu le slam grâce à une slameuse professionnelle qui est venue dans mon école », confie-t-elle. Cette rencontre sera déterminante. Lors d’un concours de poésie organisé à l’occasion de la fête patronale de son établissement, elle est frappée par la puissance des mots déclamés sur scène. Ce moment précis, en 2017, marque le début de son aventure dans le monde du slam. Inspirée par cette prestation, elle commence à écrire et à performer, trouvant dans cet art une manière unique de s’exprimer et de faire écho à ses émotions.

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Dès l’âge de 17 ans, Lalii fait une entrée remarquable sur la scène nationale. Grâce à son talent naturel pour rimer et sa capacité à captiver son auditoire, elle s’impose au concours Massa Slam, devenant ainsi championne nationale de slam au Mali. Une victoire qui témoigne non seulement de son talent, mais aussi de son travail acharné et de sa détermination à perfectionner son art.

Inspirée et inspirante

Les influences de Lalii sont variées. Parmi ses modèles, on compte des figures emblématiques du slam comme Grand Corps Malade, mais aussi des artistes maliens tels que Malicka la slameuse. Toutefois, ses sources d’inspiration ne se limitent pas aux grandes figures de la scène. Lalii puise également dans son environnement familial, notamment auprès de sa famille nucléaire, pour nourrir ses écrits.

Cherchant toujours à se perfectionner, elle rejoint le groupe Maralinké, un collectif influent de jeunes femmes slameuses au Mali. Ce groupe lui permet d’approfondir ses techniques d’écriture et de déclamation. À travers des formations et des compétitions, Lalii affine son style et élargit sa palette artistique. Ses vers, à la fois poignants et percutants, lui ouvrent de nouvelles perspectives et renforcent son engagement envers cet art.

Le slam comme outil de transformation sociale

Pour Diarafa Soukouna, le slam n’est pas seulement un art, c’est une mission. Elle conçoit cet art comme un outil pédagogique, un moyen d’éduquer et de sensibiliser. « Le slam est toute ma vie, c’est mon repère, c’est mon docteur, et c’est mon soulagement », explique-t-elle avec passion. À travers ses performances, Lalii exprime ses douleurs, ses espoirs, mais aussi les maux de la société malienne.

Contrairement à certains artistes qui évitent certains sujets, Lalii n’a pas de tabous. Pour elle, chaque thème mérite d’être exploré, tant qu’il touche aux réalités sociales. Parmi les sujets qui reviennent fréquemment dans ses écrits, on retrouve des thèmes poignants comme l’immigration, le mariage précoce, les violences faites aux femmes ou encore l’avortement. « J’aime écrire sur tout. Je ne trie pas les sujets », affirme-t-elle. Sa plume est ainsi le reflet d’une conscience sociale aiguë, à la recherche d’un impact durable sur son public.

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Un avenir prometteur

Le parcours de Diarafa Soukouna ne fait que commencer. Mais elle a déjà marqué de son empreinte la scène du slam malien. Ambitieuse, elle rêve de devenir une figure incontournable du slam au Mali et au-delà. Avec une voix aussi puissante que sincère, Lalii continue de tracer sa voie, portée par son amour pour les mots et son désir de changer les mentalités.

Dans un pays où la parole poétique est encore souvent sous-estimée, Diarafa Soukouna prouve avec brio que le slam peut être un vecteur de transformation sociale. À travers ses textes et ses performances, elle incarne cette nouvelle génération d’artistes engagés. Prête à faire résonner sa voix pour éveiller les consciences.