De l’amour à l’art : l’ascension de Perce 2 Noble, slameur congolais

Dans l’univers palpitant du slam, un artiste s’impose par sa passion et son engagement. Il s’agit d’un poète congolais dont le parcours, riche en luttes, témoigne d’une quête inébranlable pour la paix et la justice. Dès ses débuts, à l’école primaire, il s’est initié à l’écriture par le biais de lettres d’amour et de cahiers d’amitié, une première étape vers un monde où les mots deviennent des armes contre l’injustice. L’inspiration, puisée dans l’énergie du rap américain, a rapidement évolué vers une exploration plus profonde de la poésie, guidée par son expérience au sein de l’Union Internationale des Jeunes Écrivains et Artistes pour la Paix (UNIJEAPAJ).

Son approche unique du slam, révélée lors d’ateliers créatifs avec le Styl’Oblique Congo, a transformé sa vision artistique, lui permettant de partager des récits de vie et de résistance. À travers la création du collectif Styl’x, il a su promouvoir le slam à une échelle nationale, ouvrant la voie à une nouvelle génération d’artistes. Sa participation à des festivals internationaux a non seulement enrichi son art, mais a également renforcé son réseau, propulsant le slam congolais sur la scène mondiale. Avec un regard tourné vers l’avenir, il aspire à intégrer le slam dans les programmes scolaires, convaincu que cet art peut éveiller les consciences et transformer la société. Ce témoignage vibrant révèle comment le slam, au-delà d’un simple divertissement, devient un véritable vecteur d’éducation et de changement.

Afro Slam : Peux-tu nous parler de tes débuts dans l’écriture et ce qui t’a inspiré à te lancer dans le slam ?

Perce 2 Noble : J’ai commencé à écrire à l’ecole primaire en classe de CM2 par le biais des “cahiers d’amitiés” et des lettres d’amour que je glissais jadis dans les cahiers des camarades filles.

Après mon CEPE, j’ai été fasciné et stimulé par l’artiste américain SISQO, je voulais devenir rapeur et c’est de là où est parti le déclic littéraire. J’ai ensuite approfondi mon écriture dans un groupe de poètes classique nommé UNIJEAPAJ.

Afro Slam : Comment ton expérience au sein de l’Union Internationale des Jeunes Écrivains et Artistes pour la Paix a-t-elle influencé ta carrière ?

Perce 2 Noble : A L’UNIJEAPAJ, nous étions artistes et œuvrions pour les valeurs humanitaires uniquement (paix, amour et justice) ces thématiques m’ont poussé à mieux écrire mes mots pour soigner les maux qui nous minent, apporter de l’amour et la paix partout.

C’est dans ce même esprit de partage et de vecu, tout en luttant contre les injustices par les mots que j’ai croisé le Styl’Oblique Congo. Mais l’UNIJEAPAJ est le socle de ma carrière poétique.

Afro Slam : Peux-tu nous raconter ta découverte du slam avec le Styl’Oblique Congo et son impact sur toi ?

Perce 2 Noble : Avant de connaître le slam, j’ai d’abord connu le Styl’Oblique lors d’ateliers d’écriture de poésie à l’Institut Français du Congo ex Centre Culturel Français par le biais d’une affiche. Vu que je voulais aiguiser ma plume, je me suis approché d’eux pour intégrer le collectif.

La première fois que j’ai assisté a la soirée spectacle de Styl’Oblique Congo, c’était aussi la soirée du lancement de Styl’Oblique et c’est ce même soir que jai connu le slam par la déclamation différente des textes que celle que je connaissais déjà. J’ai donc intégré l’association Styl’Oblique qui venait de voir le jour ce soir là.

Afro Slam : Quelle a été ta vision en créant le collectif Styl’x, et comment a-t-il contribué à la scène slam congolaise ?

Perce 2 Noble : Le Styl’x était crée dans le même but que le Styl’Oblique, celui de promouvoir le slam, de faire rayonner le slam a l’échelle nationale et internationale.
La motivation de cette création est née de l’inscription pour la première fois au Congo du slam dans un festival Hip Hop nommé GABAO HIP HOP. Pour donner plus de lumière au slam à cette édition, nous avions pensé inscrire plus de collectifs de slam pour nous donner la chance de remporter ce concours.

Le Styl’x est le premier collectif de slam à Brazzaville. Depuis sa création, plusieurs artistes slameurs ont pris le goût de créer leurs collectifs pour être plus visible vu que le Styl’Oblique comptait plus d’une vingtaine de slameurs en son sein et la visibilité n’était que pour les plus anciens. Aujourd’hui, ce vent a permis d’éclore le slam à grande échelle.

A lire : Jorath Ibengue : Première femme championne de slam au Congo

Afro Slam : Quels souvenirs gardes-tu de ton premier festival national ICI C L’AFRIK et du FESTICOULLEURS à Brazzaville ?

Perce 2 Noble : Le festival ici c L’Afrik est celui qui m’a donné le goût de la scène ! Certes je me produisais déjà dans des cafés slam, mais la prestation à un festival est enthousiasmante et donne plus de clarté à sa carrière artistique.
FESTICOULLEURS était le festival où je me suis exprimé professionnellement en solo en tant qu’artiste slameur confirmé pour la première fois avec une confiance et une détermination. Je me suis confirmé artiste à ce festival !

Afro Slam : Quelles expériences marquantes as-tu vécues lors des festivals internationaux comme celui au Mali ou en Acadie ?

Perce 2 Noble : Les meilleures choses qu’un artiste puisse recevoir des festivals, sont le réseau d’artistes et le partage d’expériences. C’est aussi un moyen pour l’artiste de juger son niveau à l’international pour plus mûrir son art et son talent.

Afro Slam : Peux-tu nous parler de l’enregistrement de tes morceaux “Europe Afrique” et “Enveloppe Charnelle” ?

Perce 2 Noble : Depuis mon lancement en carrière solo, aussi moindre que soit ma contribution, j’avais décidé de dénoncer les comportements déviant de la société pour apporter ma pierre à l’édifice de la construction de ce monde. Donc ces projets ont été enregistrés avec amour et patiente. À titre d’information, le projet ENVELOPPE CHARNELLE m’a été donné par ma conjointe JOAQUIM DALYA ANIFATH lors d’un débat sur la division, l’égalité et lamour entre africains.

Afro Slam : Quels défis as-tu rencontrés en tant que président de la Fédération Congolaise de Slam, et comment les as-tu surmontés ?

Perce 2 Noble : Les défis j’en ai connu plusieurs et je ne pourrais tous les citer. J’ai pu faire face à toutes les difficultés que j’ai rencontrées juste par amour pour mon art et rien d’autres. Les insultes, les critiques, les moqueries, je mutipliais tout cela par l’amour du but que j’avais pour faire valoir les artistes de mon pays dans les compétitions internationales.

A lire : Mariusca MOUKENGUE : sur le parcours de la pétillante slameuse congolaise

Afro Slam : Quelle est ta vision pour l’avenir du slam au Congo et en Afrique ?

Perce 2 Noble : Pour le Congo, je pense que le slam doit encore faire du chemin, dans la génération montante, il y a plus de musiciens slam que d’artistes poètes-slameurs comme dans nos débuts. Il nous faut intégrer le slam dans le programme scolaire du Congo pour redonner le goût de la littérature à nos jeunes. Faire en sorte que le FECOSLAM soit une vraie fédération comme celles des autres disciplines subventionnées par l’Etat.
Au niveau africain, il nous faut valoriser la coupe d’Afrique de slam qui fait valoir la littérature africaine et créé un très grand festival africain aussi pour ceux qui font du slam leur métier et non seulement une passion, nous pouvons réduire aussi le chômage au niveau africain avec le slam il suffit d’être créatif.

Afro Slam : Comment perçois-tu le rôle du slam dans la société congolaise actuelle ?

Perce 2 Noble : Il a un très grand rôle d’éducation bien quil ne soit pas encore pris en considération par les politiques du pays. A mon avis le slam est le seul art consenscieux qui nous reste au Congo car jusqu’ici, il n’est pas dans la dépravation des mœurs bien au contraire il conscientise et nous avons besoin d’une plate-forme de la sorte pour éveiller les consciences.

Afro Slam : Quels sont tes projets futurs, et comment envisages-tu de continuer à promouvoir le slam à l’échelle mondiale ?

Perce 2 Noble : Les slameurs sont aujourd’hui comptés dans le registre des grands penseurs et grands écrivains de rues. Je pense faire partie de cela, donc sans être égoïste je pense un jour si Dieu m’accorde la grâce, écrire mes pensées, mes textes et les publier sous formes de musiques ou de livres pour laisser l’héritage aux générations futures.

Afro Slam : Pour finir, si tu devais donner un conseil à un jeune artiste slameur qui débute, quel serait-il ?

Perce 2 Noble : Avoir de l’amour pour son art, le faire par passion et non pour l’argent et le succès. Aussi, prendre le temps à l’apprentissage pour être meilleur. Ne jamais chercher à être au-devant de tout le monde mais travailler pour toucher les cœurs et changer les mentalités.