Dans “Dans un royaume”, Cloportes, jeune poète slameur de la République Démocratique du Congo, nous entraîne dans une réflexion profonde et troublante sur la foi, l’humanité et les institutions religieuses. Avec une plume incisive et un verbe chargé d’émotion, il interroge les fondements de notre rapport au sacré. Ce texte, à la fois poème et cri, explore les contradictions qui habitent l’homme face à Dieu : entre quête spirituelle et désillusions, entre croyance et doute. Cloportes, à travers des images parlantes et des questionnements existentiels, donne une voix à une génération en proie à des interrogations universelles.
Ce slam, d’une rare intensité, transcende les frontières et les dogmes pour poser des questions essentielles : où est Dieu dans un monde marqué par l’injustice, les divisions et les inégalités ? Pourquoi la religion, censée être un refuge, devient-elle parfois un outil d’oppression ou de manipulation ? En évoquant avec audace les réalités sociales de Kinshasa ou les dérives de certains leaders religieux, Cloportes ne se contente pas de dénoncer : il invite à réfléchir, à agir, et à retrouver une humanité authentique. “Dans un royaume” n’est pas seulement un texte, c’est une gifle poétique…
“Dans un royaume”
Où un petit passait le temps à analyser,
Où son esprit se bousculait contre la pomme,
Où le roi était juste un hasard, non canonisé.
Dans la pénombre, je cherche Dieu,
En plein jour du ciel, je fixe les yeux.
Mon cerveau tourneboulé par la mégalomanie,
Mon chemin écrase la calomnie.
La Bible devient le pain quotidien,
Ses messages semblent alambiqués.
Demandez même aux Thessaloniciens,
Le monde est décalqué.
Le paradis et l’enfer sont juste des termes.
Pourquoi l’homme blâme-t-il Satan ?
Personne ne connaît l’âme.
Ma plume bouge un ciel mécontent.
Faisons l’homme à notre image.
Pourquoi est-il Esprit sans visage ?
Pourquoi ne se voit-il pas quand je le cherche ?
Pourquoi se cache-t-il dans le soleil qui se couche ?
Douleur, pleure dans le vide.
Mon cœur prouve que l’Éternel est un mythe.
Jeûne, prière, personne ne m’écoute.
Je garde l’espoir de ce monde.
Pourquoi le Danemark a-t-il 23 églises ?
Pourquoi la ville de Kinshasa a-t-elle 30 mille églises ?
Est-ce que Dieu est injuste ?
Ce n’est pas l’excès de ma piste.
Certains pasteurs prêchent le contraire,
Une prophétie de division, de flatterie.
“Ta mère est sorcière…”
C’est vraiment une vision pourrie.
Chez les uns, la Bible est un luxe.
Chez les autres, elle corrode le monde.
Jéhovah quanna est devenu une taxe.
La religion, une bombe.
La prédication tourne autour de la dîme.
Certains pasteurs refusent l’offrande de 2000 FC.
Ce sont les vestes qui priment.
139 ans de prière, quelle est la vie des Congolais ?
Ce n’est pas la prière qui te fera homme,
Plutôt le travail.
La religion est parfois un dol.
L’homme souffre dans son âme.
“Maombi na kazi,” dixit Saint Benoît.
Par Cloportes