Clarel David, connu sous le nom de scène Molart, s’apprête à écrire une nouvelle page de l’histoire du slam mauricien. À 39 ans, cet habitant de Baie-du-Cap représentera Maurice à la Coupe du monde de slam poésie à Paris, du 26 mai au 1er juin 2025. Une consécration pour cet artisan devenu slameur, qui a su transformer ses mots en une arme poétique mordante. Derrière ses textes rythmés et riches en émotions, se cache une histoire de passion, de résilience et de créativité.
Des débuts modestes mais une passion profonde
Originaire de Saint-Martin, un petit village niché entre Bel-Ombre et Baie-du-Cap, Clarel David a grandi entouré d’art et de nature. Avant de se lancer dans le slam, il a exploré d’autres formes de créativité. Après une carrière dans la décoration d’intérieur, il s’est reconverti en artisan, confectionnant des objets à partir de noix de coco. Mais c’est en 2019 que sa vie a pris un tournant décisif. Cette année-là, il découvre le slam lors d’un événement organisé par SlamUp Poésie à Chebel.
« J’ai toujours aimé écrire. La poésie me fascine depuis l’enfance. Quand j’ai découvert le slam, j’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire », raconte-t-il.
Ses premiers pas sur scène n’ont pas été simples, mais son talent et sa persévérance lui ont permis de progresser rapidement.
En décembre 2024, Molart remporte le championnat national de slam organisé par Slam.mu à l’Institut Français de Maurice. Sa prestation lors de la finale, avec un texte intitulé “Pret Tex“, a marqué les esprits. Mélangeant humour, jeux de mots et flow inspiré du rap, il a obtenu un score parfait : 10-10-10-10-10. Une performance qui l’a propulsé sur la scène internationale.
Le slam : un art engagé
Pour Molart, le slam est bien plus qu’une forme d’expression artistique. C’est un moyen de transmettre des messages forts et de toucher les consciences. « Le slam me permet de partager mes écrits, de transmettre des messages d’espoir et de dénoncer les maux de la société », explique-t-il.
Son texte pour la demi-finale du concours national portait sur la violence domestique, un sujet qu’il aborde avec intensité et sensibilité. « User des mots pour contrer des maux, c’est ce qui me motive », confie-t-il. Ce désir d’engagement se reflète également dans sa préparation pour la Coupe du monde.
Molart sait que la compétition à Paris sera un défi de taille. « C’est la première fois que je vais slamer devant un jury international. Le choix des textes a été un vrai challenge. Maintenant, je dois travailler la mise en scène pour toucher le public. » Malgré la pression, il aborde cette aventure avec détermination et humilité.
Une aventure collective
Si Molart se prépare à représenter Maurice, il n’est pas seul dans cette aventure. Nicolas Frichot, de Slam.mu, souligne l’importance du soutien logistique et financier pour permettre à l’artiste de se rendre à Paris. « Nous collaborons avec l’organisation en France pour traduire les textes, préparer les documents et organiser le voyage. Mais nous avons encore besoin de sponsors pour couvrir les frais », explique-t-il.
Cette mobilisation témoigne de l’élan collectif autour du slam à Maurice. En 2025, Slam.mu prévoit de démocratiser cette discipline dans les écoles et collèges et d’organiser un tournoi de slam de l’océan Indien. Des initiatives qui montrent que le slam, longtemps marginal, gagne en popularité sur l’île.
Une étoile montante du slam mauricien
Clarel David, alias Molart, incarne cette nouvelle génération d’artistes mauriciens qui utilisent leur talent pour faire rayonner leur pays. À travers ses mots, il transforme ses blessures et ses passions en une poésie engageante. Son parcours, de ses débuts modestes à Saint-Martin à la scène internationale de Paris, est une inspiration pour tous ceux qui croient en la puissance des mots.
En mai prochain, Maurice retiendra son souffle en attendant de voir Molart briller sur la scène mondiale. Et peu importe l’issue de la compétition, son aventure est déjà une victoire pour le slam mauricien.