Caylah : Une slameuse au sommet de son art avec l’EP “Viens je t’emmène chez moi”

En 2018, la slameuse malgache Caylah, figure montante de la scène slam international, dévoile son premier EP intitulé “Viens je t’emmène chez moi”. Cet opus de six titres, d’une durée de 22 minutes et 58 secondes, est bien plus qu’une simple démonstration de talent poétique ; c’est une invitation à découvrir l’univers riche et engagé de cette artiste qui a su imposer sa voix sur les scènes malgaches et internationales. Produit par Be Mozik, cet EP est un bijou qui mêle poésie, musique et engagement social, et nous plonge au cœur des réalités de Madagascar, tout en résonnant avec des thèmes universels.

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Un voyage au cœur de l’Identité et de la solidarité

Dès le premier titre, “Viens je t’emmène chez moi”, Caylah nous embarque dans une exploration des différences ethniques et sociales, mais aussi dans une célébration de la diversité. Le texte, véritable hymne à la tolérance, pose d’emblée le ton de l’EP :

“Allez, viens je t’emmène chez moi,
Là où la couleur n’existe pas,
Que tu sois noir ou bien blanc,
Que t’es la peau mate ou marron,
Allez, viens je t’emmène chez moi.”

Ces paroles reflètent la réalité cosmopolite de Madagascar, une île où coexistent différentes cultures et ethnies. Le message est puissant : il n’y a pas de place pour le racisme ou les divisions sociales dans l’univers que Caylah imagine. Ce titre est devenu rapidement un classique ! Il est étudié dans les écoles et universités, et largement cité dans des travaux de recherche. Pour Caylah, c’est une véritable reconnaissance de son travail et de l’impact de son art sur la société.

“On étudie “Viens je t’emmène chez moi” à l’Université d’Ankatso en sociologie. C’est un véritable honneur. À une époque, on me disait que faire de la poésie ne servait à rien, que les grands poètes malgaches étaient tous morts. Mais aujourd’hui, mon travail prouve que l’espoir existe encore”, confie-t-elle avec émotion.

“Madagascar” : Un cri du cœur pour l’identité

Dans le titre “Madagascar”, Caylah défend vigoureusement l’importance de préserver l’identité de son île. Tout en dénonçant les injustices qui la gangrènent. Elle parvient à marier avec brio le français et le malgache, sur un rythme à la fois entraînant et engagé. Ce mélange linguistique est une manière pour Caylah de rappeler la richesse culturelle de Madagascar. Tout en insistant sur la nécessité de ne pas céder à la corruption et aux influences extérieures qui menacent l’âme de l’île.

Ce slam est un hommage à son pays, mais aussi un avertissement. Madagascar, terre riche d’histoire, est aujourd’hui souillée par la corruption et l’injustice. En quatre minutes poignantes, Caylah expose les difficultés économiques et sociales auxquelles sont confrontés les Malgaches, tout en appelant à la solidarité et à un retour aux valeurs fondamentales.

“Malala Adala” : Une bulle de fouceur et de questionnements

Avec Malala Adala, l’EP prend une pause délicate. Ce morceau, empreint de douceur, évoque les incertitudes de l’amour. Caylah, avec sa voix posée et ses mots soigneusement choisis, nous plonge dans une réflexion profonde sur les relations humaines, leurs complexités et leurs contradictions. L’émotion est palpable, et ce titre contraste magnifiquement avec l’énergie et la force des morceaux plus engagés de l’EP.

“Viani” : Un message d’Espoir

Le véritable coup de cœur de cet EP est sans aucun doute Viani. Ce morceau raconte l’histoire d’une petite fille de 4 ans. Pleine de rêves malgré les dures réalités de la vie dans les régions les plus pauvres de Madagascar. À travers des paroles poétiques et touchantes, Caylah dresse le portrait de cette enfant qui rêve de devenir institutrice, bien qu’elle n’ait jamais connu l’école. Le morceau est un hommage à la résilience et à l’espoir, des thèmes chers à l’artiste.

“Je vivais dans la sécurité de voir le soleil se coucher car je n’avais que mes rêves pour me protéger […] Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir”, slame-t-elle avec une intensité qui ne laisse personne indifférent.

Les mots de Caylah transcendent les frontières et les cultures. Rappelant que, même dans les situations les plus désespérées, l’espoir peut être une force motrice pour changer le monde. Viani est une ode à la persévérance, un appel à ne jamais abandonner ses rêves, même quand tout semble perdu.

Une tournée européenne et un succès grandissant

Suite à la sortie de cet EP, Caylah a entrepris une tournée européenne qui l’a menée en France, en Belgique et en Suisse. Son talent et son engagement ont rapidement conquis un public international. Sa tournée a été saluée pour la profondeur de ses textes et l’authenticité de ses performances. À chaque étape, elle a su toucher les cœurs et éveiller les consciences, grâce à une poésie qui parle à tous, peu importe leur origine.

Une artiste, une voix, une cause

Avec cet EP, Caylah prouve qu’elle est bien plus qu’une simple artiste. Elle est une voix pour ceux qui n’en ont pas. Une combattante pour la justice sociale, et une source d’inspiration pour toute une génération. À travers ses textes, elle porte haut les couleurs de Madagascar. Tout en défendant des causes universelles comme la solidarité, l’égalité et la lutte contre les injustices. Avec ses mots puissants et son engagement indéfectible, elle nous rappelle que la poésie peut être un outil de changement social. Et que l’espoir, même dans les moments les plus difficiles, est une force indomptable.

“Viens je t’emmène chez moi” n’est pas seulement un EP, c’est une invitation à réfléchir, à ressentir et à agir. Caylah nous emmène avec elle dans un voyage où la poésie devient une arme de résistance et d’espoir.