Depuis quelques années, le jeune poète et slameur capverdien Igor Varela aka Badiu Di Fora connaît un succès grandissant dans son pays et au-delà des frontières de l’archipel. Avec son style singulier alliant slam et Finason, une forme de poésie musicale ancestrale, il a su se tailler une place de choix sur la scène locale et régionale du spoken word. Retour sur le parcours impressionnant de cet artiste engagé, qui contribue à perpétuer et à réinventer une tradition poétique phare de la culture capverdienne.
Des premiers poèmes partagés sur les réseaux sociaux à la consécration du Praia Poetry Slam
C’est en 2017 que Badiu Di Fora commence à se faire connaître en partageant ses premiers poèmes sur les réseaux sociaux. Originaire de Praia, la capitale du Cap-Vert, le jeune homme se distingue rapidement par son écriture puissante et son talent d’orateur. Ses publications en ligne, mêlant poésie et engagements sociaux et politiques, séduisent un public grandissant.
Dès 2018, il s’impose sur la scène locale du spoken word, participant activement aux différents événements et slams organisés dans la capitale et ailleurs dans l’archipel. Son style, qui fait la part belle à l’oralité et à l’improvisation, rencontre un vif succès auprès du public capverdien, avide de voix nouvelles et d’expressions authentiques.
Culminant de cette reconnaissance locale, Badiu Di Fora remporte en 2022 le prestigieux Praia Poetry Slam. Mais au-delà de cette victoire, c’est surtout sa capacité à fusionner le slam avec le Finason, un style poétique et musical traditionnel du Cap-Vert, qui impressionne les observateurs. Cette performance hors norme lui vaut d’être salué comme l’un des porte-étendards de la poésie capverdienne contemporaine.
Le Finason, l’âme poétique de l’archipel
Le Finason est en effet l’une des formes d’expression artistique les plus emblématiques de la culture capverdienne. Mélange subtil de poésie et de musique, ce genre ancestral est pratiqué depuis des siècles dans les communautés de l’archipel. Transmi oralement de génération en génération, il est considéré comme un pilier de l’identité culturelle cap-verdienne.
Caractérisé par des vers libres, des rimes et des rythmes variables, le Finason s’appuie sur une mélodie vocale souvent improvisée, parfois accompagnée d’instruments traditionnels comme la guitare ou le cavaquinho. Les thèmes abordés reflètent la vie quotidienne, les joies et les peines des Capverdiens, mais aussi leur rapport à la nature et à leurs traditions ancestrales.
Longtemps resté confidentiel en dehors des communautés locales, le Finason connaît depuis quelques années un regain d’intérêt, porté par de jeunes artistes désireux de le faire redécouvrir et de le réinventer. C’est le cas de Badiu DiFora, qui a su habilement intégrer cette forme poétique traditionnelle à son style de slam, offrant ainsi une nouvelle voie d’expression à ce patrimoine culturel.
Un artiste engagé au service de la culture capverdienne
Au-delà de son talent artistique, c’est aussi l’engagement de Badiu Di Fora qui séduit son public. Ses poèmes, régulièrement partagés sur les réseaux sociaux, abordent des thématiques sociales, politiques et environnementales, reflétant les préoccupations de la jeunesse cap-verdienne.
Véritable porte-voix de sa génération, il n’hésite pas à dénoncer les inégalités, à s’élever contre les injustices et à défendre les valeurs de solidarité et de respect de l’environnement. Cet engagement se traduit également dans son implication au sein de diverses initiatives culturelles et associatives de son pays.
Grâce à son succès grandissant, Badiu Di Fora a pu faire connaître le Finason et la poésie cap-verdienne bien au-delà des frontières de l’archipel. Ses apparitions dans les médias nationaux et internationaux, de même que ses performances sur des scènes prestigieuses, contribuent ainsi à valoriser ce patrimoine culturel riche et singulier.