Oumar Niang, plus connu sous le nom de Minuss, est une figure appréciée du slam au Sénégal. Artiste aux multiples facettes, il a su s’imposer sur la scène culturelle grâce à des textes poignants et un style unique, alliant poésie et engagement social. Sa passion pour les mots remonte à son enfance, mais ce n’est qu’à l’adolescence qu’il découvre véritablement l’univers du slam, qui deviendra par la suite son mode d’expression privilégié. À travers ses performances, Minuss réussit à captiver un public de plus en plus large, avec une maturité artistique qui ne cesse de s’affirmer.
Un parcours forgé par les mots
Minuss Niang a toujours été fasciné par la puissance des mots. Dès son plus jeune âge, il écrivait des poèmes, des textes qui, bien qu’encore naïfs, révélaient déjà un talent naissant. « La flamme de la bougie », son premier poème composé à l’âge de 7 ans, est encore gravé dans sa mémoire. Mais c’est en 2009, lors d’une soirée slam à Dakar, qu’il trouve véritablement sa voie. « J’ai essayé de faire du rap, mais il y avait un blocage que je n’arrive pas à expliquer », confie-t-il. Ce soir-là, son ami Ceptik l’emmène à un événement de slam, et c’est une révélation. Le slam devient alors son terrain d’expression, un espace où il peut allier écriture et performance scénique.
Formé à l’Institut des Arts et des Cultures de l’Université Cheikh Anta Diop, Minuss s’est rapidement imposé comme un membre incontournable du collectif Vendredi Slam. Ce groupe de passionnés se réunit chaque premier vendredi du mois à l’Institut Africain de Management (IAM) de Dakar, pour des sessions de slam en mode freestyle. Minuss y trouve non seulement une famille artistique, mais aussi un laboratoire de création où il affine son art.
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Un style unique, entre poésie et humour
Ce qui distingue Minuss des autres slameurs, c’est sa capacité à mêler profondeur poétique et humour. Ses influences sont multiples, mais il cite souvent deux noms comme ses principales références : Saul Williams, icône du slam américain, et Dave Chappelle, célèbre humoriste. « Je dirais que je suis un mélange de Saul Williams et Dave Chappelle », explique-t-il. Un mélange étonnant, mais qui reflète bien l’originalité de son approche artistique. Saul Williams représente pour lui la rigueur poétique, tandis que l’humour de Chappelle lui permet de toucher un public plus large et de dédramatiser certains sujets sensibles.
Slamer pour réinventer le monde
Pour Minuss, le slam est bien plus qu’une simple performance scénique. C’est un outil de réflexion, un moyen de questionner la société et d’inciter au changement. « Rythm before poetry », dit-il souvent pour résumer sa vision du slam. La musique occupe une place secondaire dans son travail ; ce qui compte avant tout, c’est la puissance des mots et la relation directe avec le public. « Un micro et un public suffisent largement », affirme-t-il. Contrairement à d’autres artistes, Minuss privilégie une approche orale et presque improvisée de l’écriture. Le stylo, pour lui, est souvent superflu : il compose à l’oral, dans l’instant.
Le collectif Vendredi Slam, dont il est membre, joue un rôle clé dans cette démarche. Les séances de slam qu’ils organisent ne sont pas de simples spectacles, mais des espaces de dialogue où chacun peut s’exprimer librement. Pour Minuss, ces rencontres sont essentielles non seulement pour son développement artistique, mais aussi pour le tissu social sénégalais. Le slam permettant de créer des ponts entre les gens, de partager des idées, des émotions.
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Un artiste engagé, vers l’avenir
Minuss ne se contente pas de slamer pour le plaisir : ses textes reflètent souvent les préoccupations sociales et politiques du Sénégal et du monde. La question de l’identité, les inégalités sociales, la jeunesse désabusée sont des thèmes récurrents dans ses performances. « Le slam, c’est ma façon de parler des problèmes de la société, mais aussi de proposer des solutions », explique-t-il. En ce sens, il se rapproche de la tradition des griots africains. Ces conteurs qui, à travers leur art, transmettent l’histoire et les valeurs de leur communauté.
Son engagement ne se limite pas à la scène. Minuss participe également à des ateliers d’écriture avec des jeunes dans les quartiers populaires de Dakar. Pour lui, il est essentiel de partager son expérience et d’encourager les jeunes à s’exprimer par le biais de l’art.
Vers une reconnaissance internationale
Avec ses performances remarquées sur la scène sénégalaise, Minuss rêve aujourd’hui d’une carrière internationale. Bien qu’il reste profondément attaché à ses racines, il aspire à faire découvrir son art au-delà des frontières du Sénégal. En attendant, Minuss continue de se produire régulièrement à Dakar, aux côtés de ses partenaires du collectif Vendredi Slam. À chaque performance, il repousse les limites de son art, tout en restant fidèle à ce qu’il a toujours été : un amoureux des mots, désireux de partager sa vision du monde avec ceux qui l’écoutent. Pour l’instant, il continue d’écrire son histoire, un vers à la fois.