Le slam, connaît un essor sans précédent à travers le continent africain. En République centrafricaine, ce mouvement est incarné par un artiste résilient : Esatis Lebon. De retour à Bangui après onze années passées à Kinshasa, il s’apprête à redynamiser la scène culturelle de son pays natal. Avec des textes engagés et un devouement sans pareil en faveur des droits humains, Esatis Lebon pourrait bien devenir une voix incontournable pour les jeunes Centrafricains.
La renaissance de la scène slam en Centrafrique est d’une importance capitale. Dans un contexte marqué par des crises socio-politiques, l’art peut servir de vecteur de changement et de réflexion. À travers son travail, Esatis Lebon espère non seulement divertir, mais aussi éveiller les consciences sur les injustices sociales qui gangrènent son pays.
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Un parcours musical exemplaire
Né le 22 mars 1995 à Bangui, Arnold Esatis Lebon NGBAGALET a rapidement trouvé sa voie dans l’art. Diplômé en sciences de l’information et de la communication, il a su allier ses compétences académiques à sa passion pour la musique. Son style unique, intitulé “Centro slamoténg”, s’inspire des rythmes traditionnels centrafricains, tout en intégrant des éléments contemporains.
En 2015, alors qu’il s’installe à Kinshasa, il lance sa carrière musicale. La capitale congolaise, reconnue pour sa riche scène artistique, devient le terreau fertile de son développement. C’est là qu’il initie des projets tels que le “Festival slam ailleurs” et “Songo event“, témoignant de son engagement à promouvoir le slam dans toute la région.
Un engagement pour les droits Humains
Esatis Lebon ne se contente pas de faire de la musique ; il utilise son art comme un outil de militantisme. Ses textes dénoncent les injustices sociales, la corruption et la violence qui affectent la vie quotidienne des Centrafricains.
Sa carrière est également marquée par une volonté d’inclure et de soutenir d’autres artistes. En créant le “Collectif des 6 Slameurs“, Esatis Lebon met en avant la diversité des voix et des talents en Centrafrique. Cette initiative vise à renforcer la communauté artistique locale et à créer un espace d’expression pour les jeunes.
Le retour à Bangui : Une nouvelle époque
Le retour d’Esatis Lebon à Bangui en février 2023 marque le début d’une nouvelle ère pour le slam en Centrafrique. À peine arrivé, il met en place des projets ambitieux. Le “festival international slam d’ici”, prévu pour décembre 2024. Ce festival sera le premier du genre dans le pays, et il représente une opportunité unique pour les slameurs de se faire connaître sur la scène internationale.
Lors d’un concert de présentation à l’Alliance Française de Bangui, Esatis Lebon a attiré un public enthousiaste, composé de jeunes et de passionnés d’art. L’événement a également vu la participation de slameurs locaux, renforçant ainsi le sentiment de communauté et d’appartenance. Les performances ont été saluées pour leur énergie et leur pertinence, témoignant de l’impact que peut avoir le slam sur la culture centrafricaine.
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Malgré cet élan prometteur, Esatis Lebon et la scène slam en Centrafrique font face à de nombreux défis. La situation politique instable et les difficultés économiques peuvent freiner l’accès aux ressources nécessaires pour organiser des événements et soutenir les artistes. De plus, le manque de reconnaissance officielle du slam comme forme d’art légitime complique la situation. Les artistes doivent également naviguer dans un paysage médiatique parfois hostile, où les messages engagés peuvent être mal perçus.
Le “Festival international slam d’ici” pourrait revitaliser la culture artistique du pays en créant un espace de dialogue. La dynamique d’Esatis Lebon pourrait inspirer d’autres jeunes à s’engager dans l’art. En organisant ateliers et formations, on peut développer une nouvelle génération de slameurs engagés. Esatis Lebon montre que l’art peut apporter espoir et changement social au-delà des frontières. Avec des initiatives comme celles-ci, le slam en Centrafrique pourrait devenir une force culturelle internationale incontournable.