Maralinké est le nom du premier groupe de slam malien créé en 2018 à Bamako par le trio d’inséparables jeunes femmes se connaissant depuis l’école primaire. Le nom Maralinké est la fusion des noms d’ethnies des membres du groupe, le Maraka et le Malinké. Pour ce groupe de slameuses au verbe lucide, le slam est avant tout un moyen d’éducation, d’affirmation de son identité, de revendication et de dénonciation des injustices. Le Maralinké s’est très vite imposé comme l’un des meilleurs groupe de slam au Mali en se faisant remarquer sur la scène par la richesse et l’engagement de ses textes. En effet, au-delà du partage poétique et des joutes verbales, le slam pour Maralinké est surtout un moyen d’expression, d’interpellation sur des sujets de société mais aussi un moyen de crier haut et fort la cause des sans voix.
Les droits humains, l’égalité des chances, l’immigration, le genre, la citoyenneté, la protection de l’environnement, la beauté africaine, la diversité culturelle et la cohésion sociale. Les Maralinké s’approprient tous les sujets de société qu’elles abordent avec une sensibilité – et parfois, avec rage et désolation mais surtout avec une beauté des mots et leur touche artistique et pédagogique.
Pour soutenir la jeunesse, le trio Maralinké a initié une compétition interscolaire dénommée « Nos mots contre les maux du Mali et du Sahel ». Ici, le Maralinké montre son engagement en incitant les jeunes esprits maliens et sahéliens à la réflexion pure, organisée et développée sur des thèmes qui sont tirés de leur milieu, celui qu’ils connaissent bien. C’est un éveil et une prise de conscience profonde parce que se faisant par la jeunesse.
Après avoir publié sur la plateforme internet YouTube, il y a quatre ans, quelques titres dont « Papa ne veut pas que je slam », « Drapeau souillé », « Wili (lève-toi) » et les « 60 ans de relation Mali-Allemagne », le trio de poétesse maliennes présente au public leur premier album : « Que du slam », un véritable réquisitoire contre les maux de leur pays.
Contenant ses dix titres épurés, dont quatre collaborations avec de jeunes rappeurs et slameurs maliens, l’album a été financé par le Ministère de la Jeunesse et des Sports dans le cadre d’un projet de soutien des actions des jeunes. Les membres du Maralinké (Wesh, Mally la slameuse et la troisième, Bamby étant au Canada pour des raisons académiques) dressent un réquisitoire dénonçant les maux du Mali. Il s’agit aussi d’une symphonie de poésie rimée, du flow coulant et d’un rythme apaisant qui accompagnent chaque titre et lui donne sa collaboration artistique finale comme le dernier coup de pinceau d’un tableau de peinture.
Sur « Waati Sera » (Il est temps) le groupe évoque l’immigration clandestine. Chanté en partie en langue Bamanankan et accompagné des notes langoureuses d’une flûte, ce titre expose « la corruption, la pauvreté, les conflits armées et la mal gouvernance ». Des fléaux qui poussent la jeunesse africaine à quitter l’Afrique pour un eldorado trompeur et espère à travers ce texte, faire changer d’avis ».